Cages

L’écriture de Massini est aussi précise que profonde dans l’investigation de l’intime et de la relation familiale. Avec très peu de mots il met en lumière l’indicible du rapport à l’autre.
La langue italienne de Massini est limpide et essentielle. Il est plus préoccupé par le fond que par la forme, les mots sont précis et indispensables. Chaque réplique fait avancer le récit et, tout en respectant le suspens nécessaire à la curiosité du lecteur, il avance inexorablement vers le dénouement.

D’après la trilogie La cage (Fille de notaire), Zones d’ombre, Version des faits
de Sefano Massini
Traduction Gloria Paris et Yannic Mancel
Mise en scène Gloria Paris
Scénographie et lumières Laurent P. Berger
Son Anouck Audart
Assistante à la mise en scène Laurène Folleas
Avec Jeanne Fremy, Robin Gros, Evelyne Istria, Mariamne Merlo, Pélagie Papillon, Lorine Wolff

Création 4 Décembre 2017, Théâtre des Arts scène Nationale Cergy-Pontoise, France

Ces trois pièces en un acte , que j’ai voulu rassembler pour ce spectacle, sont construites symétriquement. Après un premier temps de refus du dialogue, qu’on pourrait appeler le temps des retrouvailles et dans lequel les personnages se cherchent, on touche au cœur du sujet et les personnages doivent puiser en eux-mêmes le courage de dévoiler la face cachée de leurs actes et de leurs pensées.

De langue maternelle italienne, quand je traduis vers le français à quatre mains
avec Yannic Mancel, je voyage à la recherche du mot juste, celui qui parle à l’intime du spectateur, ce même intime que Massini explore avec la précision d’un chercheur.

Devoir traduire dans une autre langue introduit une distance avec l’émotion que les mots procurent à la première lecture. Cette distance est la même qui est nécessaire pour faire une mise en scène. Le fait de traduire la pièce me donne une grande connaissance de l’œuvre dans ses moindres recoins. On peut aller jusqu’à dire, comme le suggérait Antoine Vitez, que mettre en scène est une sorte de «traduction » de la pièce dans l’espace avec les acteurs, pour laquelle il faut trouver un langage scénique spécifique et nouveau pour chaque spectacle.

Gloria Paris 2017

« Cages aborde les sujets du terrorisme des Brigades Rouges italiennes, et donc du terrorisme au sens plus large; de l’euthanasie, et du droit au non acharnement thérapeutique; de la corruption dans le marché de la construction des bâtiments et de ses « dommages collatéraux”.
En fait, avec subtilité et intelligence tel un spéléologue Stefano Massini éclaire, sans l’éclat du grand jour, certaines de nos sinuosités, de nous les humains, avec nos pulsions face à la société, face aux proches et, surtout, face à nous-mèmes.
La mise en scène renonce à tout oripeau, recherche l’essentiel: l’espace, presque vide, où les multiples chaises installées font œuvre en soi, les corps fragiles, des actrices et de l’acteur deviennent les caisses de résonance de leurs voix grâce à un travail de recherche sur l’amplification qui permets de rejoindre le réel et l’intime. Cela crée un effet de mise en perspective, et laisse la place aux confrontations pudiques et brutales à la fois, dans l’isolement et la réverbération. Chacun est dans sa cage, visible ou invisible. »

Simona Polvani 2017


4, 11 et 18 décembre 2017 – Création
Théâtre des Arts scène Nationale Cergy-Pontoise (France)


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