Nora, une poupée, adaptation pour un comédien et une danseuse de Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, saison 2024-25

Adaptation et mise en scène Gloria Paris
Scénographie et Lumières Laurent P. Berger
avec Bruno Fleury et Cristiana Morganti

Pourquoi faire une adaptation d’une œuvre parfaite?
Pourquoi raconter encore et encore l’histoire de cette femme qui se « cogne » contre le monde des hommes et que tout le monde connait?
Pourquoi confier à une danseuse italienne historique du Tanztheater de Pina et à un comédien français le récit de cette histoire-là?
Pourquoi faire jouer Nora, incarnée déjà par les plus grandes actrices du siècle dernier, à une danseuse?
Pourquoi mélanger la danse et le théâtre?


Le texte c’est la matrice de mon travail, la dramaturgie mon encrage sur un plateau de théâtre, depuis toujours.
J’adore le texte, j’adore les histoire, et comme les enfants j’aime les entendre encore et encore… dans l’espoir de les comprendre enfin, et de ne pas en perde une seule miette!

Mais mon histoire avec le plateau a commencé avec la danse. Quand adolescente j’ai posé pour la première fois un pied sur les planches, c’était pour danser.
C’est là que j’ai compris que le corps c’est le langage du silence, le langage de ce qui ne peut pas se dire, de ce qui crie en nous au delà des mots. Le langage non verbal est bien plus explicite que le brouhaha des mots à condition de se taire et d’ouvrir son cœur.
C’est cette alternance de la parole et du silence que je cherche depuis le début. Elle me donne des frissons, et je la partage avec Cristiana depuis que j’ai commencé à travailler avec elle en 2013.

Nora parle, parle, parle, mais personne ne l’entend.
Sa logique se brise contre le monde des lois et des convenances.
Son mari, son créancier, son amant potentiel, la renvoient à ce qu’elle doit être.
Et elle ne se rebelle pas, elle veut se conformer à ce monde qui lui commande d’être une docile poupée dévoué à la conservation de l’espèce. Jusqu’au moment où elle n’y comprends plus rien, elle a tout bien fait comme il faut, elle s’est endettée pour sauver son mari, elle a voulu le protéger de l’humiliation d’être sauvé par sa femme, et elle lui a menti.
Mais nous sommes en 1879, et ça ne se fait pas!!
Son mari la range au rangs des fraudeurs justiciables, et ça elle ne peut pas le comprendre, c’est au dessus de ses forces. Dans son désespoir elle réussit à quitter le domicile familial, elle pose un acte, elle brise un interdit. Mais ça aussi, ça ne se fait pas!!

C’est par l’absence de son corps que le monde s’aperçoit qu’elle existe, absente du domicile conjugal elle devient réelle. Elle devient le sujet de son histoire en disparaissant de sa propre vie.

Si le corps parlant dit l’impuissance a être entendu, le corps dansant, lui, crie ses douleur et ses joie.

Avec ce spectacle je voudrais continuer à travailler sur ce qui se dit et se qui ne se dit pas, donner la chance à la parole de trouver des corps et aux corps de trouver les mots pour se faire entendre.

Une danseuse italienne et un comédien français, deux langages scéniques et deux langues pour une seule histoire, l’histoire d’une émancipation, la mienne, la notre, celle de tous ceux qui rêvent d’un monde qui fait de l’altérité une valeur absolue.

Gloria Paris
Novembre 2021


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